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10. Бессознательное и категории отражения П. Бруно (L'inconscient et la categorie de reflet. Pierre Bruno)

10. L'inconscient et la categorie de reflet. Pierre Bruno

Universite de Paris, France

I

Je ne tenterai pas ici d'articuler une fois de plus materialisme historique et psychanalyse. Sur ce point, ma tendance est aujourd' hui de poser comme prealable l'existence d'un hiatus entre les deux, qu'il est d'abord necessaire de reconnaitre pour construire la problematique de cette question.

Mon but, quoique lie a la question evoquee, est different et, a dire vrai, d'un genre hybride: ni exclusivement scientifique, ni exclusivement philosophique. D'une part, il s'agit d'un detour theorique-au moyen de la philosophic marxiste-pour elucider certaines difficultes auxquelles me confrontele developpement scientifique de la psychanalyse. D'autre part, je veux essayer de determiner lestatut philosophique duconcept psychanalytique d'inconscient et mettre en cesens le materialisme dialectique a l'epreuve de la decouverte freudienne. On m'objectera que je pars du presuppose que la psychanalyse est scientifique, alors même que je limiterai au strict minimum son expose theorique. Je l'admets, tout en esperant que ce probleme beneficiera, dans ma demarche, d'un eclairage lateral.

Il est important de noter que cette preoccupation concernant les implications philosophiques de la psychanalyse se pose, aussi ou deja, avec beaucoup d'acuite dans la psychanalyse elle-même. Elle inaugure ainsi le Sеminaire, livre XI de Jacques Lacan: "La psychanalyse est, au premier abord, bien faite pour nous diriger vers un idealisme /.../ Il suffit de nous reporter au trace de cette experience depuis ses premiers pas, pour voir au contraire qu'elle ne nous permet en rien de nous resoudre a un aphorisme comme la vie est un songe. Aucune praxis plus que l'analysen'est orientee vers ce qui, au coeur de l'experience, est le noyau du reel" /p. 53/.

Personne, bien sur, ne peut ou ne devrait se satisfaire d'une simple declaration, d'autant plus que la signification des concepts enonces par Lacan est encore a decouvrir. En ce qui concerne celui de reel, il est le fruit d'une elaboration nouvelle et ne recouvre aucun des deux termes de la distinction propre a Freud entre realite psychique et realite exterieure. C'est de cette distinction que je vais proceder, pour mesurer le chemin parcouru depuis Freud et gr&##226;ce a lui.

II

Dans l'Еsquissed'une psychologie scientifique (1895) de Freud, on trouve une premiere forme de cette distinction (distinction et pas forcement opposition). Il у est ecrit: "Les indices de decharge par la voie verbale sont, eux aussi, dans un certain sens, des indices de realite, de realite de pensee et non de realite exterieure". /p. 383/ (Sauf indication contraire, les references des textes cites renvoient aux editions franchises).

Je ne peux reconstituer ici le detail de ce qui est en jeu, ce qui demanderait un travail specifique. Disons que deux categories d'indices de realite sont differenciees. Les uns, indices de realite exterieure, permettent derepondre a la question: quand уat-il perception d un objet exterieur, et quand уat-il seulement representation decet objet dans l'appareil psychique? Les autres, indices de realite de pensee, permettent derepondre a la question: quand уat-il processus de pensee? Cette dernie-re question n'est pertinente que parce que les processus de pensee sont concus comme etant a l'origine depourvus de conscience. Les indices de decharge par la voie verbale sont alors le seul moyen de temoigner que ces processus de pen-see ont reellement lieu. C'est ce que Freud resume ainsi:

"Lesindices de decharge par la voiedulangage peuvent servir a pallier cette insuffisance. Ils portent les processus cogitatifs sur le plan même des processus perceptifs en leur conferant une realite et en rendant possible leur souvenir" /p. 376/.

Une di'ssymetrie merite deja d'etre notee. Dans le cas des premiers indices, le probleme est de savoir s'ilуa un objet exterieur correspondant a l'investissement d'un frayage dans l'appareil psychique, autrement dit s il у a perception, celle-ci etant toujours definie comme l'effet d'un objet exterieur. Freud a sur ce point une position materialiste non ambigue, meme si le contenu de sa reponse peut etre corrige et enrichi par la psychophysiologic con-temporaine:

"La qualite, ce caractere distinctif des excitations, passe sans entraves par φ (le systeme receptif/, au travers de ψ/le systeme des frayages/ pour aboutir a ω (le systeme perceptif) ou elle cree une sensation; elle est representee par une periode particuliere du mouvement neuronique, qui n est certainement pas la meme que celle du stimulus tout en conservant quelques rapports avec lui, suivant une formule de reduction que nous ignorons," /p. 333/.

Dans le cas des indices de decharge par la voie verbale, la question a une portee differеnte. L'adequation de la pensee avec la realite exterieure n'est pas interrogee; il ne s'agit que de savoir si des processus de pensee ont lieu ou non, comment ils peuvent devenir conscients, et comment ils peuvent etrerememores. Porteepluscourteapparemment, mais qui va mener Freud beaucoup plus loin, dans la mesure ou s'y prefigure une metapsychologie qui va permettre de penser l'inconscient.

La definition synthetique proposee par Laplanche et Pontalis dans leur Vocabulaire de psychanalyse va nous servir a determiner plus precisement l'enjeu de ce concept de realite psychique (terme substitue par Freud a celui de realite de pensee) et a en reperer l'ambig'ute:

"Terme souvent utilise par Freud pour designer ce qui, dans le psychisme du sujet, presente une coherence et une resistance comparables a celle de la realite materielle: il s'agit fondamentalement du desir inconscient et des fantasmes connexes". Ici l'insistance porte sur une sorte de parallelisme ("coherence et resistance comparables a...") avec la realite materielle. Mais les deux auteurs poursuivent:

"Quand Freud parle de realite psychique, ce n'est pas simplement pour designer le champ de la psychologie congu comme ayant son ordre de realite propre et susceptible d'une investigation scientifique, mais ce qui, pour le sujet, prend, dans son psychisme, valeur de realite".

Une telle formulation est, on le voit, ouverte a deux accentuations

distinctes:

- la realite psychique n'est realite que pour le sujet. Prolongernent possible decette premiere accentuation: elle est d'autant plus realite pour le sujet que celui-ci est nevrose ou psychotique.

Deuxieme accentuation:

- la realite psychique est aussi consistante que la realite materielle. Elle constituerait a cote de cette derniere un deuxieme genre dela realite.

Bien sûr, une telle alternative ne peut être tranchee, a supposer qu'il у ait alternative. Rien en tous cas chez Freud n'y autorise. Je la traiterai done plutôt comme une aporie qui revele l'impossibilite d'elucider la question au moyen d'une opposition dualiste sujet-objet.

III

Pour avancer, il faut done tenter de se situer en dehors de cette opposition. La encore, je recours a un texte de Freud, dont un des interêts est d'avoir fait l'objet deplusieursredactions/cf. Standard Edition, tome V, p. 620, note 1/. L'etat final (1919) de ce texte, extrait de L'Interpretation des rêves estle suivant:

"Faut-il reconnaître aux desirs inconscients une realite? Je ne saurais dire, Naturellement, il faut la refuser a toutes les pensees de transition et de liaison. Lorsqu' on se trouve en presence des desirs inconscients ramenes a leur expression derniere et la plus vraie, on est bien force de dire que la realite psychique est une forme d'existence particuliere qui ne saurait etre confondue avec la realite materielle" /p. 526/.

Premiere constatation, premier etonnement: les pensees de transition et de liaison, c'est a dire les associations par lesquelles le contenu latent devient conscient, ne font pas partie de cette realite psychique. Cette exclusion ne contribue d'ailleurs pas a nous eclairer sur ce qu'il en est de "l'expression derniere et la plus vraie" des desirs inconscients. Deuxieme constatation, qui est un rappel: le systeme perceptif ne fait pas non plus partie de cette realite psychique. En aucun cas, il n'est ainsi possible d'affirmer que le concept freudien de realite psychique est tout le psychique. Un etat anterieur (1909) nous confirme que Freud a hesite avant de trancher dans ce dernier sens:

"Si nous considerons les desirs inconscients reduits a leur forme derniere et la plus vraie, nous avons a nous souvenir que sans aucun doute, la realite psychique aussi a plus d'une forme d'existence".

Plus d'une, oui, mais pourquoi Freud persiste-t'il a isoler, et a conceptual iser une de ces formes?

IV

Il est temps maintenant que la philosophie marxiste entre en scene; ou plus precisement la question "suprême" de toute philosophie, celle des rapports entre l'être et la pensee. Je l'aborderai sous ses deux aspects:

- le primat de l'etre sur la pensee,

- l'objectivite de la connaissance.

L'examen du premier aspect appelle d'abord une confirmation- Pour Freudla perception est une image dela realite exterieure, selon un mode specifique de reduction. Dans toute son oeuvre, aucune variation sur ce point. Si nous tenions la psychanalyse pour une theorie empiriste-sensualiste de la connaissance, nous pourrions cone lure sans hesiter que la psychanalyse est materialiste.

Mais laissons cette solution imaginaire. Ni la psychanalyse, ni le marxis, me ne relevent d'une philosophie empiriste qui reduit la connaissance a "l'inscription passive" d'un contenu de pensee dans l'esprit receptif d'un sujet. Le problemedu primat dt l'etre sur la pensee rebondit des lors sous une forme nouvelle: quel est le rapport, chez Freud, entre realite materielle et realite psychique? A cet egard, notre embanas est grand. La question, pourtant, n'est pas etrangere a Freud, au contra ire! Elle traverse et travaille l'une de ses grandes analyses, celle de l'homme aux lоups. Dans cet extrait de l'histoire d'une nevroseinfantile, la quete de Freud est tendue vers un seul but: demontrer que lefantasme de la scene originaire, reconstruction dans l'analyse de I'observation qu'aurait fait le patient, а i'âge d'un an et demi, d'un coït parental, a un noyau reel. Au fantasme (realite psychique) correspondrait done un (ou plusieurs) evenement reel (realite materielle).

Plus qu'a l'argumentation point par point de Freud, c'est au sens de sa demarche que je vais m'interesser. II s'agit pour lui de parer a deux dangers, dont la realisation conduirait a effacer la specificite dela psychanalyse.

D'un côte, chercher un referent reel au fantasme, et au desir in conscient qu'il accomplit, c'est courir le risque d'interrompre la lоgique des associations dont jamais aucun element - c'est la definition même d'une chaîne signifiante - ne peut indiquer directement le reel. Entre le reel et son effet subjectif, il est necessaire de preserver le temps du des'r (Tres tôt, Freud a decouvert qu'un trauma ne pouvait avoir d'effet qu'apres-coup. Cf. La naissance de la psychanalyse, p. 365). Ce qui n'evacue pas - j'y reviendrai - notre interrogation: quel est le rapport du reel au desir, mais l'inscrit dans une problematique radicalement differente de celle de la psychologic.

De l'autre, renoncer a poser un noyau reel, c'est glisser dans le devoiement que Freud denonce chez Jung et Adler a ne prendre en consideration que le reel асtuel, on s'interdit de penser le reel infantile du sujet comme cause de la nevrose

En fait, deux dangers se conjoignent. Ils ne laissent d'autres issues que d'eluder le temps de formation du desir dans le proces de subjectivation о u de deboucher dans le cercle idealiste que pointe Freud:

"Rendons-nous bien compte que cette derniere tentative d'explication de nos adversaires aboutit a les debarrasser des scenes infantiles d'une facon bien plus complete qu'ils n'avaient pretendu d'abord le faire. On avait commence par dire qu'elles n'etaient pas des realites, mais des fantasmes. II est maintenant question non plus de fantasmes du malade, mais de fantasmes de l'analyste qu'il impose a l'analyse en vertu de certains complexes personnels" lin Cinq psусhanalуses, p. 362/.

Il n'y a pas loin de cette these, ajouterai-je, a l'hypothese d'un "ciel" des fantasmes, que d'aucuns appelant "inconscient collectif."

Avancons encore un peu. Ce a quoi nous mene la discussion de L' hоmme aux lоup s, et son apparente impasse, c'est a distinguer entre l'еssenсe du fantasme - la structure intersubjective qu'il figure et le desir qu'il accomplit - et les materiaux avec lesquels il a pu se construire: perception dececi ou decela. On connait la solution a laquelle Freud se rallie, dont le merite historique est d'insister sur l'essence du fantasme: il existe des fantasmes originaires qui structurent la subjectivite meme quand aucun vecu individuel ne leur correspond. Mais, même aiors, le referent reel n'est pas dissous, mais renvoye a une origine historique, qu'on peut certes qualifier de mythique, ce qui n'en detruit pourtant pas la portee dans le fonctionnement de la theorie.

A ce point, notre embarras n'est pas leve, mais un premier enseignement peut etre tire de la demarche freudienne: Le reel ne se montre pas, il se demontre; ce qui nous introduira tout a l'heure a la distinction lacanienne reel/realite.

J'en viens maintenant au deuxieme aspect de la question gnoseologique: l'objectivite de la connaissance. Je prendrai la appui sur un extrait de Lenine, dans Material isme et empirio-criticisme:

"Il est vrai qu'un reve incoherent est un fait tout comme une philosophie incoherente. On n'en peut douter apres avoir pris connaissance de la philosophie d'Ernst Mach. Cet auieur confond, comme le dernier des sophistes, l'etu-de historico-scientifique ct psychologique des erreurs humaines, des "rêves incoherents" de toute sorte faits par l'humanite, tels que la croyance aux loupsgarous, aux lutins etc., avec la discrimination gnoseologique du vrai et de l'"incoherent" /p. 142/.

Sous cet angle, on pourrait se demander si la psychanalyse ne serait pas cette etude "psychologique" des "erreurs humaines, des reves incoherents... faits par l'humanite." L' espace ouvert par cette hypothese semble a premiere vue pouvoir rencontrer un echo chez Freud quand il ecrit:

"L'epreuve de realite n'est pas valable/pour les processus inconscients/, la realite de pensee equivaut a la realite exterieure, le desir a son accomplis-sement, a l'evenemtnt"/G.W.p. 234/. Dans cette voie, nous pourrions aller jusqu'a assigner au fantasme un statut d' illusiоnet, pourquoi pas, identifier l'imaginaire du fantasme а l'ideologique et l'epreuve d e realite au сritere de la pratique. Je ne me hasarderai pas aujourd'hui sur ce terrain savonneux et m'en tiendrai a formuler-brievement-une objection majeure: L'epreuve de realite institue bien une partition dedans-dehors, a savoir ce qui est seulement represente et ce qui, represente, se retrouve a l'exterieur, mais elle depend d'un processus plus fondamental d'introduction dans le sujet et d'expulsion hors du sujet, cette derniere operation constituent le reel "en tant qu'il est le domaine de ce qui subsiste hors de la symbolisation"/Lacan, Eсrits, p. 388/. L'epreuve de realite, quant a elle, ne peut operer que dans le champ defini par Introduction dans le sujet, et ne peut pretendre constituer, a elleseuk, le critere de verite.

Ce detour par la question gnoseologique a done surtout une vertu negative. Apparemment, tout se passe comme si le concept de realite psychique etait inclassable dans ce cadre. Toutefois, je ne me haterai pas de conclure a un echec Ce qui fait la butee de ma tentative me semble desormais plus clair: le "secret" du concept de realite psychique ne peut etre decouvert qu'a la condition d'analyser le bouleversement provoque par le concept d'incоnsсient dans la conception des rapports entre realite materielle et psychique.

V

Ce que Lacan avance de l'inconscient dans le Seminaire, livre X I nous place d'emblee au vif de ce bouleversement:

"Eh bien! L'inconscient freudien, c'est a ce point que j'essaie de vous faire viserpar approximation qu'il se situe a ce point ou, entre la cause et ce qu'elle affecte, il уa toujours la clocherie /.../ L'inconscient nous montre la beance par ou la nevrose se raccorde a un reel qui peut bien lui n'etre pas determine.

Dans cette beance, il se passe quelque chose /.../ quelque chose de l'ordre du non-real ise /.../Cette dimension est a evoquer dans un registre qui n'est rien d'irreel, ni de dereel, mais de non-realise" /pp. 25-26/.

Le non-realise evoque ici n'est pas n'importe quoi. S'il en etait ainsi, l'interpretation psychanalytique ne serait qu'une hermeneutique, cuverte a n'importe quel sens et impossible a valider. Pour cerner ce non realisi, il faut partir de la these majeure de Lacan: l'inconscient a pour condition le langage Encore faut-il en evaluer la juste signification.

Un premier contre-sens est a eviter: faire de l'inconscient le "lieu reel d'ui autre discours". Affecter au discours le statut d'un lieu reel, comme le postule Jung dans ses notions d'archetyce ou d'inconscient collectif serten ef et de masque a une idealisation qui dissipe tout reel autre quele discours, L'inconscient n'est plus alors qu'un mythe culturel a decrypted un texte originaire, au sens biblique. Disons au passage que le structura-lisme est pour le moins ambigii vis-a-vis de cette deviation.

Cette these une fois recusee, il devient possible de s'engager dans une autre voie: le nоn-realise est ce qui, du discours de l'Autre (defini approximativement comme l'ensemble des paroles au sein duque l'individu biologique se constitue comme sujet) est reioule оriginairement dans le proces de subjcctivation, qui s'avere par la-même partition du sujet, ou, pour reprendre le terme freudien, сlivage. Sans penetrerdans l'eсоnomie de ce proces, j'en enoncerai cependant deux traits essentiels:

- d'avoir pour condition le langage, l'inconscient se trouve struсture comme lui;

- d'être l'effet du refoulement originaire, l'inconscient se trouve etre un discours non realise, trfs exactement un discours sans parole, dont la parole est toujours et encore, pour le sujet, a dire. C'est d'ailleurs bien la ou la parole n'advient pas que le symptôme у substitue.

Ce qui se repere ainsi dans l'espace entre le reel comme cause et le moisymptoôme, c'est un savоir, c'est a dire un reseau de signifiants, mais un savoir inconscient, c'est a dire dont les effets de sens se produisent a l'insu du moi.

En outre, dans la mesure ou il s'agit de proces de constitution et de reproduction du sujet, il est vain de vouloir lui assigner une limite ou cet espace inconscient se resorberait. Le clivage du sujet n'est pas contingent. II у aurait sans doute interet a le penser sous le mode de la categorie de contradiction interne.

Cette marche forcee au travers de la theorie analytique m'amene alors a ceci: il n'y a pour la philosophic marxiste, ni pour la psychoanalyse, de savoirabsоlu. Formule a completer d'une autre: la verite absolue est dans la verite relative et non l'inverse. A son niveau le plus general, il est possible d'exprimer la negation du savoir absolu comme la contradiction dialectique entre le caractere incree infini et eternel de la realite materielle et le fait que "que tout ce qui existe merite de erir." Le langage, en tant que forme de materialite, est commande dans son principe par cette contradiction: c'est d'un ensemble fini de signifiants que s'approprie la realite materielle infinie. Lenine dans les Cahiers philosophiques, met le doigt sur l'effet, dans le langage, de cette contradiction. Il cite Hegel:

"La langui en general n'exprime par essence que Tuniversel; or, ce qu'on vise en parlant est le particulier, le singulier. Par suite, ce qu'on vise, on ne peut le dire dans la langue."

Et Lenine de donner trois brefs commentaires approbateurs: "dans la langue, il n'у a que l'universel," "/pour Hegel/ das Sinnliche/le sensible/ est un "universel" et surtout: "Par la Hegel porte uncoup a tout materialisme, sauf au materialisme dialectique" /p. 261/. Ce qui est dit la de la langue, n'est pas sans rdoindre ce qu'en dit Lacan: "Ainsi le symbole se manifeste d'abord comme meurtre de la chose" /Ecrits, p. 319/. Il est pourtant in-, suffisant d'en rester a ce niveau de generalite, si Ton veut saisir la specifiсite du concept d'inconscient (Dans un livre important, Marxisme et theorie de la personnalite, Lucien Seve s'inscrit, me semble t-il, dans cette perspective, quand il ecrit: "C'est meme l'imrnensite du detour entre le point de depart de Taction d'un individu et son retour a soi qui explique l'inconscience fondamentale spontanee de l'individu quant aux bases reelles de sa personnalite" (p. 280). II enonce ainsi la condition de possibilite de l'inconscient, mais non sa determination specifique). Celui-ci n'est pas le simple ecart entre le reel infini et le reseau fini de signifiants ou plutôt, il pose la question de savoir comment cet ecart est concu.

C'est en ce point qu'une theorie du proces de subjectivation se revele necessaire pour developper dans toute sa richesse le materialisme dialectique, comme une theorie de l'histoire l'а ete pour le constituer. "L'inconscient est un concept forge sur la trace de ce qui opere pour constituer le sujet" /Lacan, Ecrits, p. 830/. D'ou une demarcation entre deux conceptions opposees:

- soit le sujet est concu - peu ou prou - comme un dоnne: il sort "tout arme" du ventre de sa mere et apprend peu a peu une langue qu'il utilise comme instrument d'appropriation de la realite materielle:

- soit le sujet (c'est a dire la forme sujet, a distinguer de l'individu biologique quj en est le support et du reel historique qui le determine, sous reserve de l'inconscient) est cause par le langage, dans lequel il doit se repre-senter, au prix de se cliver.

La seconde conception est celle de la psychanalyse. Elle rejette toute pro-blematique dualiste sujet/objet, monde interieur/ monde exterieur, ou la realite peut n'être que la doublure de l'imaginaire du moi, au profit d'une conception dialectique ou la question posee est: comment une forme de materialite peut-elle penser la materialite?

"Ainsi le reel se distingue de la realite. Ce, pas pour dire qu'il soit incon-naissable, mais qu il n'y a pas question de s'y connaître, mais de le demontrer, voie exempte d'idealisation aucune" /Lacan, Radiophonie, in Scilicet, 2-3, p. 60/.

C'est sur ce trace que je voudrais conclure, en reprenant la question tout a l'heure suspendue: quel est le rapport entre realite materielle et realite psychique? Partant de la these gnoseologique du primat de l'être, je la reformule-rai comme suit: le savoir, en tant que reseau de signifiants, reflete. le reel, au sens materialiste dialectique de la categorie de reflet, qui rompt avec la notion de reflexion speculaire, et ne peut se penser que comme proces. A tirer les consequences de cet ёпопсё, j'aboutis a ceci:

- L' inconscient est un reflet nоn-realise du reel.

Il у a certes la un pas a franchir qui n'est pas mince. Une des implications en serait que leproces dusavoir scientifique est iondamentalement du mêmе ordre que le processus analytique. Aussi, pour l'instant, je ne ferai que l'enоnсеr, sans me prononcer sur sa validite, mais, comme chacun sait ce qui est dit est dit.

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