НОВОСТИ    БИБЛИОТЕКА    ССЫЛКИ
КРАТКИЙ ПСИХОЛОГИЧЕСКИЙ СЛОВАРЬ РАЗДЕЛЫ ПСИХОЛОГИИ
КАРТА САЙТА    О САЙТЕ


предыдущая главасодержаниеследующая глава

32. Психоаналитическая концепция аффекта А. Грин (La conception psychanalytique de l'affect. Andre Green)

32. La conception psychanalytique de l'affect. Andre Green

Universite de Paris, France

L'affect est un terme recouvrant l'ensemble des phenomenes appartenant a la categorie de la vie affective c'est a dire des sentiments, des emotions ou plus generalement de toutes les nuances et les connotations de la sensibilite. II est l'expression moderne de ce que les auteurs anciens designaient au XVIle siecle sous le nom de passion pour I'opposer au domaine de Taction. Dans la conception psychanalytique de Freud le statut de Taffect s'est trouve complique par le fait que celui-ci designe une entite theorique complexe, qui ne prend son sens que par rapport a la representation consciente et inconsciente Dans le cadre limite de cet expose nous serons obliges de nous borner a T examen des principaux problemes que cette notion souleve sans pouvoir ent rer dans le detail de l'evolution historique de celle-ci tout au cours de Toeuvre de Freud et sans avoir la possibilite d'examiner avec precision les diverses transformations que les auteurs postfreudiens ont fait subir aux idees du fondateur de la psychanalyse (Pour un examen detaille de la question voir тол ouvrage "Le discours vi vant: la conception psychanalytique de Taffect" 1973. Paris, Presses Universitaires de France). Il faut d'emblee insister sur le fait que dans l'oeuvre de Freud Taffect est une notion qui comporte encore beaucoup d'ob-scurites non resolues et que la question, a ce jour, reste tres controversee. La controverse s'est nourrie des questions laissees sans reponse par la theorie de Freud et des modifications de la pratique psychanalytique depuis Freud, ou le materiel clinique recueilli a mis en evidence des aspects de Taffect qui n'etaient pas decrits dans la theorie freudienne et dont Texplication par celle-ci restait insatisfaisante. En outre les developpements theoriques de la psychanalyse ont conduit a des theorisations derivees de Toeuvre freudienne, mais assez differentes d'elle qui optent pour des types d'explication sinon opposes du moins assez largement divergents.

I - Problem atique generale

L'affect pose un ensemble de problemes generaux quelle que soit la fa-con dont les divers auteurs de la litterature psychanalytique Tenvisagent. Sans pretendre a une recension integrate de ceux-ci, signalons en les principaux.

1. Le corps. Plus que toute autre notion de Tappareil theorique de la psychanalyse - le concet de pulsion excepte - l'affect obige a considerer le lien de l'activite psychique par rapport au corps. De ce fait on peut etre ten te de trouver la solution du probleme de l'affect du cote de la physiologie, d' autant que de nombreux faits plaident en faveur de relations etroites. Quel que soit l'interet de ces etudes, elles appartiennent au domaine de la biolo-gie et veulent reduire le psychisme a un epiphenomene. Elles ne jettent aucune lumiere sur l'organisation de la vie affective elle meme. Elles ne font que souligner l'existence d'un substrat organique de la vie affective, ce que Г on sait depuis toujours. Elles sont impuissantes a articuler le role de l'affect avec les autres aspects de la vie psychique. Nous retiendrons cependant deux faits. D'unepart que les etudes, tant cliniquesque physiologiques, sur la specialisation des deux hemispheres semblent accorder a l'hemisphere droit un role dans un mode de connaissance plus affectif tandis que l'hemisphere gauche - dans les cas de dominance la plus frequente - fait jouer un part plus grande a. la pensee abstraite. D'autre part, le fait que la vie emotionnelle semble plus Нее aux connexions neuro-endocriniennes d'expression plus diffuse. Mais ces donnees tres generates ne sauraient rendre compte de la richesse et de la complexite de la vie affective au point de vue psychique.

2. La quantite. Il n'est pas d'appreciation de l'affect qui puisse faire abstraction de la notion de quantite et d'intensite. C'est bien le point de depart de Freud qui parle du quantum d'affeсt, en negligeant jusqu'en 1924 les aspects qualitatifs de la vie affective. Cette dimension de l'affect est importante parce qu'elle soustend le concept plus large d'investissement. C'est lui qui rend compte de l'interet que nous portons a telle ou telle activite ou a tout aspect qui nous mobilise positivement ou negativement. La perte de l'investissement est ressentie comme une perte du Moi dans la depression par exemple, qui fait ressortir l'importance de l'investissement silencieux qui accompagne toutes les demarches de la vie psychique. A l'oppose l'aspect quantitatif peut prendre une valeur desorganisa trice, en tant que tel, a la limite de toute intention significative, comme dans la nevrose traumatique ou l'effraction du pare - excitations cette barriere protecrice contre I'intensite des stimulis, cree une breche dans le moi non prepare a l'effet du trauma, (Freud 1920) De meme l'angoisse lorsqu'eile atteint un certain seuil desorganise le Moi et le reduit a l'impuissance.

3. La qualite. C'est sans doute l'aspect leplus complexe de la vie affective et celui qui resiste le plus a la description, c'est a dire en la reduction de l'affect a la verbalisation. De la vient l'idieque, l'affect est le champ privilegie de l'art et que son investigation scientifique reste loin derriere l'image que nous en donnent les productions artistiques - Parmi celles-ci, il semble que ce soit la musique qui mobilise le plus les valeurs affectives, en dehors des voies de la signification. Les rapports entre quantite et qualite sont complexes. Si Ton sait que toute excitation peut, atteignant un certain seuil, etre ressentie douloureusement, ce que la physiologie nous apprend, on fait moins cas de la conception de Freud dela co-excitation libidinale qui affirme que toute excitation - у compris l'excitation intellectuelle est susceptible d'eveiller une excitation erotique.

4. La classification des affects. Aucune classification detaillee des affects ne peut recouvrir le champ de la vie affective, tant les nuances sont nombreuses. Mieux vaut, comme Freud, se contenter de diviser les affects en deux grandes classes: les affects de plaisir et les affects de deplai sir, quitte a distinguer a l'interieur de chaque categorie differentes varietes. Cette classification rappelle la Constance avec laquelle Freud s'attache au dualisme pulsionnel en defendant l'hypothese d'une theorie binaire de la vie pulsionnelle.

5. L'affect et les principes du fonctionnement mental.

La classification des affects est une classification d'etats, elle debouche sur un grand axe theorique celui des principes du fonctionnement mental: les principes de plaisir - deplaisir et le principe de realite. Cette division n'est pas un doublet de la classification des etats. Cette derniere ne porte que sur les veсus, alors que la classification en termes de fonctionnement mental indique les principes de celui-ci, c'est a dire determine ce qui oriente les processus psychiques. Il-est alors a remarquer que ces principes peuvent conduire a des formes de la conscience qui ne se recoupent pas avec les vecus. Ainsi le principe de plaisir-deplaisir peut ne s'accompagner d'aucun plaisir, l'affect de refoulement se bornant a la fuite du deplaisir, ou meme d' un renversement du plaisir, le plaisir se manifestant sous l'affect de refoulement par le deplaisir. Exemple le degoflt hysterique de la sexualite, l'angoisse phobique devant le danger de satisfaction pulsionnelle inconsciente - Ceci pose le probleme de l'existence d'affects inconscients comme dans le cas du sentiment inconscient de culpabilite.

6. Nature et fonction de l'affect. La definition de l'affect depend de la nature et de la fonction qu'on lui accorde. Cette definition ne peut done se contenter d'etre descriptive et reste de ce fait tributaire de la metapsychologie. On peut considerer cette nature et cette fonction sous deux angles. Selon un premier point de vue l'affect est considere comme un processus de decharge interne. Dans cette perspective la notion de quantite do-mine la decharge se produisant lorsqu'un certain seuil est atteint et l'affect devenant de ce fait meme conscient. Cette maniere de voir tend a opposer la decharge caracteristique de l'affect a la trace mnesique, qui caracteriserait les representations, qu'elles soient de chose ou de mot. Mais dans une autre perspective l'affect peut-etre dote d'une fonction significative comme dans le cas de l'angoisesignal d'alarme. Cette double nature de l'affect, qui s'accompagne d'une double fonction economique et symbolique est originale pour l'affect. Mais dans l'un ou l'autre cas ce qui domine dans le cas de l'affect est sa qualification dynamique. Ceci au double sens du terme c' est a dire du point de vue de la mobilite des processus psychiques et de leur aspect conflictuel ce que reflete le principe de plaisir - deplaisir. Le fait meme qui ce principe exprime une double polarite antagoniste est l'indice de la presence du conflit au sein du principe le plus fondamental du fonctionnement mental. En outre cet antagonisme conflictuel indique une symbolisation primaire determinee par la possibilite de la double representation du plaisir par le deplaisir et du deplaisir par le plaisir.

7. Conscience et inconsient. A premiere vue l'affect est une manifestation consciente. Toutefois aussi bien Freud que ses successeurs ont admis l'existence d'affects inconscients. La difference essentielle que Freud assigne a l'affect en 1923 par rapport a la representation est que celui-ci est soit inconscient soit consient sans autre alternative. Alors que les representations (en particulier de mot c'est a dire la verbalisation) ont en outre la possibilite d'etre preconscientes. Cette possibilite permet d'unir les representations de mot preconscientes au representations de choses inconscientes. Quand l'affect deviendrait conscient, il courtcircuiterait le niveau pre-conscient. Son lien avec les representations de mot serait alors absent ou contingent.

8. Le refoulement. La question des rapports entre refoulement et affect est directement liее a la question de l'affect inconscient. Freud avait d'abord pense que le refoulement s'appliquait exclusivement aux representations, tandis que les affects subissaient la repression - c'est a dire une simple inhibition de developpement. La theorie de l'angoisse est le reflet des rapports entre affect et refoulement. Freud concut d'abord l'angoisse comme consequence de l'affect bloque - admettant par ailleurs l'existence d'une angoisse, comme produit de degradation de la retention libidinale dans la nevro-se d'angoisse. Il comprit ensuite l'angoisse comme consequence du refoulement par transormation de la satisfaction pulsionnelle desiree. Enfin il defendit l'hypothese d'une double nature de l'angoisse: angoisse traumatique, quand la quantite excessive de stimulis forcait le pare - excitations et angoisse signal-mise en oeuvre par le Moi - en prevision d'une satisfaction libidinale desapprouvee par le sur-Moi. Le probleme qui se pose aujourd'hui dans la clinique psychanalytique moderne qui a decouvert de nouvelles formes affectives grace a l'analyse des etats non-nevrotiques (cas-limites, structures psychotiques, structures psychosomatiques, perversions etc...) est peutetre de ratta-cher ces aspects mal connus de la vie affective d'une part aux particularites pulsionnelles et a la structure du Moi d'autre part a la variete des contre investissements dont le refoulement est le modele ou le prototype mais поп Г unique expression. Deja a cote du refoulement Freud postulait l'existence du desaveu ou ce qu'on a appele la forclusion ou le clivage semble prendre le pas sur le refoulement proprement dit. Ceci suppose le deplacement du probleme de la force refoulante a l'indexation du refoulement par le jugement, comme le laissait entrevoir le travail de Freud sur la Negation (1925).

9. La pulsion. Plus on avance dans l'oeuvre freudienne et plus l'idee se renforce qu'alors que Freud jusque vers le milieu de son oeuvre avance qu'on ne peut connaitre la pulsion que par ses representants (representant - representation) l'evolution de sa pensee accorde moins de place a ceux-ci en faveur des motions pulsionnelles dont la structure est plus proche de l'affect que de la representation - (Freud 1933, 1937) Le representant psychique de la pulsion premiere forme psychique de la pulsion dont la source est organique est fortement charge d'affect. Il ne faut pas confondre le representant psychique de la pulsion (Triebrepräsentanz) qui n'est pas de meme nature que la representation avec le representant-representation (Vorstellungsrepräsentanz. Sur les notes 1 et 2 Voir Laplanche et Pontalis (1967)) qui est une trace mnesique. Au reste Freud affirme que l'affect est le remplacant de certains actes. II faut se debarrasser de l'idee que l'affect est une manifestation directe de la pulsion ou d'un etat organique. Il n'est pas decharge, mais perception des actions de cette decharge motrice (Freud, 1917) et sensation de plaisir et de deplaisir. Il у a done toujours mediation du psychique entre Г aspect physiologique et la tonalite qualitative de l'affect.

10. La relation d'оbjet. De plus en plus la psychanalyse moderne envisage les problemes en termes de relation d'objet. C'est a dire qu'elle place la dimension relationnelle (au moi, a l'objet) au centre d'une theorie plus proche de la clinique des echanges transferentiels et contre transfe-rentiels. Ceci place la fonction communication (economique et symbolique) au centre du rapport pratique-theorie. Cette dimension communicative que la situation analytique actualise dans une perspective synchronique s'articule avec la perspective diachronique qui fait de l'affect lerepresentant reactive des fixations les plus anciennes (Winnicott, 1974). Les aspects de la vie affective sont de meilleurs temoins des fixations anciennes que les representations et les traces mnesiques qui leur sont associees. Du coup, une gamme nouvelled' affects, hautement complexes, apparait dans la situation analytique qui justifie les theorisations des sucesseurs de Freud (M. Klein, D. Winnicott, W. Bion). Ceci a pour consequence les developpements nouveaux du champ de la signification qui deborde de beaucoup la sphere du langage et met l'accent sur la "signifianсe" dans la vie affective et de la vie affective. Elle exige une extension et intensification de la part de l'annalyse dans le dechiffrement des messages affectifs et la constitution d'un code dont les valeurs sont autrement organisees que celles du langage. II ne faut pas oublier que Freud s'est donne pour reference les notions de plaisir et de deplaisir qui sont des categories generiques, mais exprimant des valeurs moyennes dont les extremes, qui sont de plus en plus frequemment representees dans la clinique psychanalytique, sont la jouissance et la douleur. Enfin il faut aussi accorder une part de plus en plus grande a cette rrodalite originalede defense contre l'affect dangereux que represente l'inhibition et surtout l'extinction affective, dont Г indifference est une expression majeure. Pour conclure il faut insister sur le fait que si l'inconscient rompt l'unite du Moi, celui se sert de, autant qu'il est soumis a, une pluralite de codes semantiques dont l'affect represente une variete originale que la situation psychanalytique permet de comp-rendre peut etre mieux que tout autre dans l'echange intersubjectif.

II - Developpement historique de la notion d' affect

La problematique generale que nous avons degagee ne devient comprehensible que si Ton retrace, ne fut-ce qu'a grands traits revolution historique de la notion. Nous nous conformerons a revolution interne a la psychanalyse d'autant plus que celle-ci ne doit rien a revolution parallele de la psychiatrie et de psychologie.

C'est dans son travail intitule "Quelques considerations pour une etude comparative des paralysies motrices organiques et hysteriques" ecrit en 1888 publie en 1893, done bien avant Les Etudes sur l'hysterie de Breuer et Freud, que ce dernier introduit la notion d'un quantum d'affeсt qui connote tout evenement psychique d'une quantite mesurable en droit sinon en fait. La decharge motrice ou la liaison-association sont les deux destins possibles de cette quantite. Cette vue quantitative va se retrouver dans la notion d'affect bloque ou d'affect etrangle dans les Etudes sur l'hysterie (1895) qui exposent la premiere conception de l'affect. La notion de defense presente dans le travaux freudiens des 1894 oppose deja le quantum d' affect ou somme d'excitation aux traces mnesiques representatives. (Lettre Fliessn° 18 du 21.5.1894) - Dans son Esquissed'une Psychologie scientifiquede 1895, texte non publie, qui sera retrouve bien des annees apres et publie en 1950, Freud donne une premiere version de sa conception de l'appareil psychique etroitement Нее au systeme nerveux ou du moins a une fiction de systeme nerveux. Il oppose deja l'experience de la douleur a l'experience de satisfaction. II postule l'existence de neurones sccre teurs qui excites "engendrent dans l'interieur du corps quelque chose qui agit comme un stimulus sur les voies endogenes de conduction "Deja le terme affect est utilise comme reproduction d'une experience et non expression directe de celle-ci (SE, I, 320). Toute une systematique compliquee tente d'expliquer la relation entre les neurones secreteurs, par rapport a deux autres groupes de neurones: les neurones de pallium quirecoivent leur investissement du systeme (c'est a dire du systeme qui recoit les quantites externes) et des neurones nucleaires qui sont investis par les voies endogenes de conduction qui recoivent les excitation de l'interieur du corps (SE, I, 315). On assiste la aux premieres formulations dans le concept de pulsion; sa proximite avec l'affect est remarquable dans les premiers travaux.

Freud va abandonner cette direction psycho-physiologique pour proceder dans l'Interpretation des Rives (1899-1900) a une reformulation de l'appareil psychique en termes purement psychiques. Il faudra attendre la Metapsychologie (1915) et en particulier les articles sur le Refoulement et sur l'Inconscient pour voir Freud aborder a nouveau le probleme de l'affect. Disons pour resumer que Freud distingue alors, par rapport au refoulement deux destins separes pour la representation et pour l'affect. La premiere serait veritablement refoulee - c'est a dire cont-re-investie - tandis que la seconde serait seulement reprimee c'est a dire inhibee dans son developpement. L'affect connaitrait alors trois destins: 1) la repression que liquide l'affect par le refoulement c'est a dire le supprime plus ou moins completement, 2) l'expression qualitative d'un affetc specifique, 3) la transposition des energies psychiques des pulsions en angoisse. La finalite du refoulement, quel que soit son mode d'action est la neutralisation de l'affect de deplaisir. Freud ecrit "Si un refoulement ne reussit pas a empe cher la naissance ou de sentiments de deplaisir ou d'angoisse, nous pouvons dire qu'il a echoue meme s'il a atteint son but en ce qui concerne l'element de representation." (SE, 14, 153). Mais ce qui nous parait le plus important est que la notion de quantite devient solidaire de la notion de transformation (par exemple du plaisir en deplaisir et de deplaisir en indifference) ce qui est le signe d'une conception authentiquement economique de la vie affective, qui ne se contente pas d'exprimer le point de vue de la quantite mais lie celle-ci a la notion du travail de transformation qualitative.

L'existence d'affects inconscients est discutee dans l'article sur l'lncon. scient. Freud s'ent tient a une opinion restrictive a cette etape de sa pensee. Il continue de preferer la notion d'affects reprimes plutot que refoules. Sans doute reserve-t-il - le refoulement au sens tandis que l'affect est encore concu comme un processus de decharge.

Mais en 1923 il revient sur le probleme jugeant les solutions qu'il lui a donnees insatisfaisantes. Sans doute faut-il voir la le resultat des difficultes de la pratique psychanalytique qui montre l'importance des resistances du Sur-moi faisant obstacle a la progression de l'analyse. II est alors confron-te a l'intensite des sentiments inconscients de culpabilite qui l'obligent, entre autres, a admettre l'hypothese d'un Moi inconscient.

Plus sa pensee va se developper et plus il sera conduit a devoir admettre l'existence d'affects inconscients. Il fait un nouveau pas dans cette direction, ayant toujours a l'esprit la necessite de devoir distinguer entre traces mnesiques et processus de decharge. Sa solution consiste alors a soutenir que ce qui specifie les representations c'est leur possibilite de devenir conscientes par la liaison etablie entre representations de chose (inconsciente) et representation de mot (preconsciente). Des lors le devenir conscient suit des voies differentes a partir de l'inconscient. Pour les representations le devenir conscient passe par la phase preconsciente des liasions entre traces mnesiques non verbales et traces mnesiques verbales, pour l'affect cette transmission est directe sans passage par le langage. Mais c'est dans Inhibitions, sуmptome, angoisse (1926) que Freud fait un saut decisif. Deux ans auparavant dans le Probleme economique du masochisme (1924) Freud, pour la premiere fois, dissocie le facteur quantitatif du facteur qualitatif. Alors que jusqu'a present il s'appuyait sur un axiome indi-scute tension-deplaisir, detente-plaisir, il admet l'existence de tensions ag-reables. Cette prise en consideration de la qualite affective sui generis, ouvrira la voie a une conception semantique de l'affect, celui-ci pouvant avoir une fonction de signal. C'est l'angoisse signal d'alarme, opposee a l'angoisse traumatique qui' elle, peut etre purement quantitative. Remarquons que c' est a cette meme epoque, en 1927, que Freud dans son article sur le Fetich-isme decrit le phenomene du desaveu (Verleugnung) comme distinct du refoulement (Verdrangung) ceci alors qu'il s'est attache a decrire la Negation (Verneinung) dans l'article du meme nom en 1925. Comme epargne du refoulement et de meme affect que celui-ci La negation offre l'avantage pour la pensee [de s'epargner l'energie de contre-investisse-ment par un simple changement de signe.

La derniere periode de I'oeuvre de Freud s'attachera de plus en plus a decrire ("l'Hilflosigkeit" du bebe face a l'inconstance de la presence del'objet maternel et sa consequence, l'installation de mecanismes de defenses couteux pour l'appareil psychique. Mais, plus encore, ce qu'il remarque c'est la persistance de ces defenses mutilantes, raeme lorsque les conditions initiales du danger n'existeront plus ou seront largement depassees. Apres Freud les problemes non resolus de l'affect vont encore se compliquer de deux manieres: d'unepart parce que l'homogeneite, fut-elle seulement relative, du corpus theorique freudien va se diviser du fait du developpement de la psychoanalyse qui va amener des orientations theoriques derivees de l'oeuvre freudienne qui mettront l'accent sur un tel de ses aspects. D'autre part, l'evolution de la pratique analytique amenera dans le champ d'observation psychanalytique des formes cliniques mal explicables par la theorie freudienne dont le modele clinique de reference etait la nevrose.

Trois grands courants peuvent etre distingues:

1. La perspective de Heinz Hartmann etla psychologie du Moi americains L'oeuvre de Hartmann a profondement influence la psychanalyse aux Etats Unis. Elle met l'accent sur la psychologie du Moi et introduit les points de vue genetique et adaptatif. La pensee psychanalytique se rapproche de la psychologie. Le probleme de l'affect et sa theorisation seront de plus en plus relies a ses fondements biologiques dans une perspective psycho-physiologique (Rapports, 1953). L'attention se tourne vers les stades primitifs du developpement a d'aide l'observation directe du nourrisson (Engel, 1962). Dans la theorie on accorde un interet aux stades d'indifferenciation psycho-physiologique anterieurs a la distinction entre Moi et objet. L'existence d'une sphere libre de conflit (Hartmann, Kris, Loewen-stein, 1953) defend implicitement le developpement d'un systeme a part а l'abri des conflits affectifs. Le controle des affects sous l'influence d'une "agen-ce centrale" (A. Reto, 1967) est mis en lumiere. Les conflits intrasystemique et intersystemiques (c'est a dire entre les trois instances Moi - cа - Sur Moi) sont au premier plan. L'affect n'est plus considere comme un systeme de decharge, mais comme un systeme d'equilibre de tensions autour d'un axe moyen (E. Jacobson, 1953). L'idee d'un mode de connaissance propre а l'affect: la conation comme force de desir inclinant a Taction (A. Valenstein, 1961) et la fonction cognitive de l'affect (M. Schur, 1969, С. Brenner 1974) s'imposent de plus en plus. Une contrbution criginale au protlerre de la construction des affects estapportee par B.Lewin, 1964 quisoutint l'existence d'affect-errans. Toutefois la psychanalyse nord-americaine parait de plus en plus dependre d'un systeme de pensee proche du behaviorisme watsonien, (Rangell, 1967), memе si elle souhaite s'en distinguer. Une triple direction psychoneurologique, informatique et psychologique caracterise ces travaux, tandis qu'une reaction se manifeste contre ces orientations par l'adoption d'un point de vue apparente a la phenomenologie (R. Schafer, 1964).

2. La perspective de M. Klein et l'influence de l'ecole anglais e- Deja le travail de E. Jones sur la peur, la cul-pabil'te et la ha'ne (1929) ouvrait la voie a des perspectives nouvelles sur l'affect grace en particulier au concept d'aphanisis cette menace dextinction de toute gratification libidinale mise en oeuvre par un desinvestis-sement massif. L'influence de M. Klein se fait sentir tres tot par l'accent qu elle met sur les fantasmes inconscients dont elle postule l'existence chez le bebe et dont le substratum se trouverait dans les pulsions destructrices vecues sous la forme de la crainte d'annihilation ressentie par le bebe qui mettrait en oeuvre l'activite projective et des defenses precoces. A sa suite Glover (1939) decrira les affects d'eclatement, d'explosion, de desintegration etc... M. Brierley (1937-1949) fera subir un changement decisif a la theorie de Г affect en soulignant qu'il vaut mieux parler d' in vestissement d'оbjets plutot que da charges d'affective d'idees. J. Sandler (1972) dont le point de vue est a certains egards proche des auteurs nord-americains, insistera sur le role des affects dans la constitution des etats de securite internedans un but adaptatif. Il insiste sur le role de balayage (scanning) de l'information dans Tetablissement de la fonction signal de l'affect. Ceci est source d'etat de contradiction entre etat de desequilibre psycho-physiologique et la solution adaptative trouvee. C'est surtout le role de la regulation dans l'estime de soi joue par l'affect auquel Sandler s'interesse. Mais la plupart des travaux de l'ecole anglaise auront plus directement pour point de depart la cure psychanalytique. On s'ecarte de plus en plus de la perspective biologique en faveur de la perspective relationnelle que le transfert permet d'observer. P. Heimann (1950) souligne le role du contre transfert affectif comme instrument de connaissance pour l'analyste, ajoutant ainsi a sa fonction primitive d'obstacle a la connaissance par l'analyste des conflts de l'analyse De plus en plus l'idee s'impose d'un langage affectif symbolique (Rycroft 1968). Fairbairn (1952) puis Bion (1962) insisteront sur les relations entre le "Je pense que" et le "je sens que" dans le discours analytique. Mais c'est peutetre surtout I'oeuvre de Winnicott (1945-75) qui s'est attachee le plus a l'etude de la communication affective avec ses eleves M. Milner (1968) et M. Khan (1971-1974).

3. Les debats theoriques suscites par Lacanet le mouvement psychanalytique franca is- L'oeuvre de Lacan (1966) a souleve des debats theoriques importants dans la psychalyse francaise par le fait тёте que prenant pour axe de reference le langage (voir sa proposition "l'inconscient est structure comme un langage") il developpe une conception structuraliste de l'inconscient qui declare non pertinente l'oppsition intellect affect et surtout denie a l'affect tout droit a fonder une theorie de la psychanalyse. A l'oppose de ce point de vue il faut citer l'oeuvre de Bouvet (1956-1967) qui defend l'importance de la relation d'objet envisagee dans une perspective differente de l'ecole anglaise. Il depeint cette relation a partir de la notion de "distance" psychique (amenagerrent defensif a l'egard de l'objet) et de "rapprocher" (effet produit par l'analyse des resistances et des defenses). Cette oeuvre a beaucoup inspire les principales figures de l'ecole psychosomatique francaise (P. Marty, M. Fain, M. de Muzan, G. David) qui met l'accent sur le point de vue economique en psychanalyse et en particulier l'economie affective dans sa relation a la vie fantasmatique qui temoignerait d'une carence fonctionnelle dans les structures psychosomatiques.

La position d'A. Green (1970-1973) accepte certaines dis positions de Lacan sur Г importance du signifiant en psychanalyse, mais tente de preciser la specificite de celui-ci dans la theorie psychanalytique. II souligne le role de l'affect comme signifiant, insite sur l'heterogeneite du signifiant en psychanalyse (representation de mot, representation de chose, affect, etat de corps propre, acte) et met en valeur la dimension polyphonique et polygraphique du discours inconscient. II distingue deux sortes d'affects: soit ceux qui sont integrateurs a la chaine signifiante du discours et sont soumis a la concatenation c'est a dire a la liaison associative et ceux qui par leur qualite et leur quantite brisent la chaine association et l'organisation du Moi L'essen tiel est alors le travail psychique de transformation du signifiant et non plus seulement la circulation du signifiant. Un langage sans affect est un langage mort, un affect sans langage est incommunicable. Les structures cliniques nous montrent le destin du travail psychique sur les pulsions. Histoire et structure conjuguent leurs effets dans ces formes observables dans la situation de transfert et de contretransfert.

III - Perpectives actuelles et directions de recherche

La demarche rigoureuse de Freud le conduit a des conclusions justes en leur fond- Cependant ces conclusions sont limitees par le fait qu'elles ont pour point de depart un systeme conceptuel marque par la problematique de son temps. Si loin que Freud ait pu en reculer les limites celles-ci sont incluses dans leurs premices. C'est ainsi que si la division en representation et affect se situent dans le prolongement de la tradition opposant l'intelligible et le sensible, Cette opposition reste prisonniere du cadre dans lequel elle s'enferme. Si toutefois on veut rester dans cette perspective nous dirons que representation et affect sont tous deux a la fois des traces mnesiques (l'affect est en effet memoire du corps) et des processus de decharge (la representation ne pouvant s'investir sans une forme de decharge energetique certes bien moindre que celle de l'affect, mais neanmoins indeniable). L'opposition veritable nous pa-rait resider dans le fait que l'appareil psychique inscrivant aussi bien les traces mnesiques des representations que des affects a a traiter differemment ces deux types de materiaux parce que les representations visent а l'articulation (l'association) tandis queles affects ten dent a la diffusion. C'est done essentiellement le regime de rapport liaison-deliaison qui commande l'ensemble. En fait il existe une inter-action entre la force et le sens telle que point de vue economique et point de vue symbolique se rencontrent dans la semantique qui gouverne l'appareil psychique. C'est dans la dynamique de leur conjonction que sont tentees les solutions de compromis de cette rencontre. En fait l'imagination (qui depend beaucoup plus de l'affect que de l'intellect) et la raison (qui depend beaucoup plus de l'intellect que de l'affect) sont tout aussi necessaires l'une que l'autre au fonctionnement de l'appareil psychique. Ce qu'il faut done admettre est la pluralite des codes semantiques, le code affectif et le code intellectuel entrant dans des relations a la fois agonistes et antagonistes. Dans cette perspective l'affect serait le materiau sur lequel s'elabore la symbol isation primaire, comme l'indique implicitement le principe de plaisir-deplaisir, ou le couple jouissance-douleur aussi bien que le couple bon-mauvais sont a l'oeuvre. C'est bien ce que le travail de Freud sur la Negation (1925) annoncait deja.

Il faut en effet admettre que la fonction de l'affect est plurielle. Elle est invevtissement de base du Moi, mise en tension de la communication avec l'Autre, ciment du discours. Elle est aussi differenciation epicritique qui don-ne une tonalite specifique a certains elements marques du dicsours et du vecu. Elle est enfin canal privilegie de la relation au corps et a Pactivite pulsion-nelle. Trop souvent la tradition psychologique a considere l'affect comme une activite inferieure par rapport a l'intellect et les commentaires de la langue lui donnent souvent un caractere pejoratif. "Affect" n'a jamais ete un compliment, alors que raisonne Test toujours. Il a fallu que la psychiatrie cree le terme de rationalisation pour retablir l'equilibre. La passion sert les meilleures et les pires des causes et la raison hegemonique tend a etouffer le regne de l'imagination. Nous arrivons maintenant a un moment de l'evolution des sciences humaines ou nous pouvons soutenir avec justesse le caractere complementaire de l'imagination et de la raison. C'est leur desequilibre qui est cause de perturbation. Et nous savons que la pensee delirante de la rationalisation est sous-tendue par la meconnaissance de l'affect. A l'inverse l'affectivite douloureuse du melancolique se soutient parallelement de delire logique d'indignite et d'auto accusation. Le retour a l'equilibre ne passe pas par le combat qui heutre de plein fouet la rationalisation du delire, ou la douleur morale de la depression psychotique. C'est pourquoi en fin de compte il vaut mieux adopter une strategic theorique differente.

Nous avons deja aborde plus haut la perspective de la relation d'objet. En envisageant l'affect sous Tangle de l'investissement et de la communication, tant de soi que de l'objet, on arrive a des resultats plus feconds. Pendant longtemps on a pense que l'analyse des fantasmes inconscients mis en lumiere par Melanie Klein donnait la cle de bien des impasses de la pratique. Cet auteur a admis que ces fantasmes etaient pour elle une maniere de verbaliser et d'imager ce qu'elle appellait des "souvenirs en forme de sentiments" ("memories in feelings") lies aux vecus les plus archaiques de l'enfant qui persistent dans l'inconscient adulte (1957). Mais on peut considerer que cette vue est trop schematique. A la suite de Winnicott I'interet s'est deplace des objets internes, aux objets transitionnels et aux phenomenes transition els createurs d'une aire intermediaire del'illusioh, matrice du jeu (1971) et regulatrice des circonstances propices a eveiller les affects les plus desorganisants: l'angoisse de separation d'avec l'objet et I'angoisse d'intrusion de la part de celui-ci (Green 1975).

Une autre perspective consiste a accorder la plus grande attention aux etats de defletion affective dont se plaignent souvent les patients; etats de vide interieur, sensation de futilite, d'inexistence, perte de l'interet et du sentiment d'appartenance au monde et a la communaute. Ces phenomenes seraient sous-tendus par un etat d'hallucination negative du sujet (Green 1975). Mais alors que le phenomene explicite d'hallucination negative s'accompagne d'une excitation affective - l'angoisse, due a la representation de l'absence de representation - l'hallucination negative latente ou implicite est au contraire le corollaire de ces etats de vide interieur qui temoignent d'un desinvestissement affectif. En somme le principe de plaisir-deplaisir ne tend plus vers la recherche du plaisir, mais, pour fuir le deplaisir incline vers le zero de l'excitation psychique. Souvent ces patients nous donnent l'impression que nous avons a faire a un mort-vivant psychique. Ce que Winnicolt appelle le faux-self est une sorte de coup d'arret vers cette evolution mais temoigne de cette orientation des investissements vers la nullite. II faut en effet distinguer soigneusement le chaos affectif du neant-affectif ou tendent a s'eteindre les liens a l'objet.

L'analyse de ces etats n'est possible que si lon s'attache dans la situation analytique a relier la comprehension des contenus aux regimes de fonctionnement mental. C'est ici qu'il faut citer les contributions de l'ecole psychosomatique francaise, ainsi que les etudes recentes sur les psychoses (cf la psychose blanche de J. L. Donnet et A. Green (1973) L'analyse montre comment le Moi qui s'enflamme lorsqu'il est sous l'effet des affects, (Mallet, 1969) tente au contraire en ces cas de lutter par les diverses formes de contre investissement (negation, refoulement, desaveu ou forclusion-rejet radical) contre la penetration des affects dans le Moi - Il se cree souvent alors, une confusion entre l'affect veeu et l'investissement de l'objet favorise par ce que les auteurs kleiniens appellent l'identification projective. Cette confusion menace le narcissisme du Moi, parce que le Moi perd la possibilite de distinguer entre l'investissement qui lui est propre - et qui lui permet de s'auto-observer et l'investissement de l'objet qui permet de le connaitre et de l'utiliser en tant qu'objet de plaisir. Les regressions les plus radicales sont alors possibles: la regression psychotoque n'est que l'une de ces possibilites; elle represente la variete mentale de la regression - Mais d'autres egalement possibles-telles la regression psychosomatique qui liquide le conflit psychique soulageant l'appareil psychique au prix d'une maladie somatique qui peut engager le pronostic vital. D'autres formes regressives sont egalement possibles vers l'acte cette fois, qui nous oblige a porter attention aux perversions sexuelles ou aux personnalites psychopathiques qui reglent a leur maniere le conflit psychique au prix du comportement anti-social. Tous ces etats ne sont pas toujours, et de loin, analysables, mais la connaissance psychanalytique qui s'en degage est fort utile dans la prise en charge psychctherapique dont les patients peuvent tirer benefice souvent.

Ces diverses evolutions sont les resultats de l'elaboration psychique du conflit; ce qui montre l'interet d'une theorie qui mettrait au centre de son interet la notion de travail psychique, notion que l'on peut generaliser a partir de ce que Freud a decrit par exemple comme travail du reve ou travail du deuil.

Cette fayon d'envisager les choses permettrait de ne plus ciissocier totalement l'affect de l'intellect puisqu'elle mettrait en evidence une lоgique archaique de la symbolisation primaire. Cette seman-tique inconsciente minimale nous amenerait a prendre en consideration le role de la compulsion de repetition, du double retournement (renversement sur la personne propre et retournement en son contraire), de la reflexion en miroir, de la formation du symetrique, de l'oppose et du complement, de l'inclusion et de l'exclusion, de la mediation entre l'interieur et l'exterieur, du degagement de la categorie de l'intermediaire et du transitionnel, des fluctuations des limites, de la creation des substituts etc...

Toute une nouvelle logique a definir est ici en attente de nos recher-ches. Elle n'est pas purement speculative, mais orientee a des fins pratiques. Le but reste toujours d'aider le patient a se degager des contraintes de sa realite psychique interne et de lui permettre de constituer une image de Г Autre et de soi telle que la coexistence soit possible. Ce n'est pas dit que cette coexistence cessera d'etre une experience conflictuelle, mais qu'elle le deviendra sous une forme tolerable, souhaitable et mutuellement desirable. On ne peut atteindre ce but par la suggestion ou l'endoctrinement mais par un consentement bilateral qui s'accomplit par l'eveil a la realite psychique de soi et l'etablissement d'une communication intra et inter psychique vivante.

Tel nous parait etre le sens actuel de ce que Freud decrivait sous le nom de sublimation - Aujourd'hui nous en elargissons le champ et lui assignons des buts differents. Car la sublimation ne peut se limiter aux interets cultu-rels: artistiques, scientifiques ou sociaux. Son domaine plus vaste est celui de la creativite qui touche a la fois a des domaines plus modestes de l'activite la plus quotidienne et d'autres plus ambitieux encore. Le but de la creativite est aussi different de la sublimation, en ce qu'elle se confond en fait avec la vie meme.

En conclusion

On peut penser que la minimisation de l'affect, tout au moins dans la premiere partie de l'oeuvre freudienne s'explique par le souci de Freud de degager la psychanalyse de l'hypnose dont elle est nee. Des considerations de demonstrations ont peutetre porte Freud a davantage souligner le role des representations inconscientes qui ne pouvaient preter le flanc aux critiques adressees a l'hypnose. Aujourd'hui ce danger n'est plus en risque et la psycha-nalsye se distingue assez clairement des therapies modernes qui reprennent le vieux filon de la catharsis. Nous pouvons sans avoir le sentiment de nous compromettre admettre le role majeur de l'affect dans la pratique et dans la theorie. Nous pouvons meme, comme nous avons tente de le montrer, trouver des solutions de rechange a l'opposition affect-intellect grace а l'etude conjointe de la relation d'objet, du fonctionnement mental et de la symbolisation au sens moderne de ce mot, c'est a dire en accordant la prevalence a la relation entre les termes a l'etude des termes etudies isolement. De ce fait nous ne separerons plus l'energetique et le sens, l'economique et le symbolique. Car l'important est de parvenir a une semantique dynamique qui elargisse la sphere de la signification - qui depasse le dilemne semantique (langage) semiologique (signes) - Ceci devrait nous conduire a renoncer a l'idee de totalisation: de la personne du code, du sens. Nous sommes peut-etre a la veille d'accomplir pour la psychanalyse la revolution que les mathematiques ont deja faite depuis longtemps, celle de reconnaitre l'existence d'une pluralite de logiques diverses et compatibles, chacune ayant son espace propre et avec ses coordonnees specifiques.

Bibliographie

(Nous ne donnons ici cu'une bibliographie succinte - Pour une bibliographie plus complete, nous renvoyons le lecteur a rotre ouvrage Le Discours Vivant (1973) ainsi qu'a notre etude recente Conceptions of affect (1977). Les citations de Freud refeient a "The Standard Edition of the complete psychological woiksof Sigmund Freud" traduite de l'allemand par J. Stracey. Les references sont indiquees par les sigles S. E. suivies du n° du tome)

Arlow, J. (1977) - Affects and the psychoanalytic situation. Int. J. Psусhоanal. 58, n° 1.

Bion. V. R. (1963) - Elements of psychoanalysis. London. Heinemann

Bouvet. M. (1956) - La clinic,ue psychanalytique: la relation d'objet in Oeuvres psychanalytiques, vol. 1. Paris. Payot, 1967.

Brenner. С (1974) - On the nature and development of affects: a unfied theory. Psychoanal Q. 43. 532-556

Breuer. J. & Freud. S. (1893-5) - Studies on hysteria (S. E. 2)

Brier Ey. M. (1937) - Affects in theory and practic in Freund's in Psychoanalysis. London. Hogarth Press, 1951

Donnet, J. L. & Green A. (1973) - L'enfant due a: la psycho se blanche. Paris. Ed. Minuit

Engel. G. (162) - Anxiety and depression withdrawal : the primary afects of unpleasure. Int. J. Psycho anal. 43. 89-97

Fairbairn. W. R. O. (1952) - Psychoanalytiс studies of the Personality, London, Tavistock.

Freud, S. (1893) - Quelques considerations pour une etude comparative des paralysies motrices organiques et hysteriques. Arch. Neurol. 26, 29-43 in SE. 1

Freud. S. (18Э4) - The neuropsychoses of defence, SE, 3

Freud, S. (1895) - On the grounds for detaching a particular syndrome from neurasthenia under the description "anxiety neurosis", SE. 3

Freud, S. (1900) - The interpretation of dreams. SE. 4, 5.

Freud, S. (1915) - Repression. SE, 14

Freud. S. (1915) - The unconscious, SE, 14

Freud. S. (1917) - Introductory lectures on psychoanalysis, Part III. SE. 15

Freud. S. (1920) - Beyond the pleasure principle, SE. 18

Freud, S. (1923) - The Ego and the Id, SE, 19

Freud, S. (1925) - Negation. SE. 19

Freud, S. (1926) - Inhibitions, symptoms, anxiety, SE. 20

Freud, S. (1927) - Fetishism, SE. 21

Freud, S. (1933)-New Introduction lectures on psychoanalysis, Lecture XXXII. SE, 22

Freud. S. (1937) - Constriction in analysis, SE. 23

Glover. E. (1939) - The psychoanalysis of affects. Int. J. Psy choanal. 20. 299- 307

Green, A. (1970) - L'affect-Revue Fr. de Psychanalyse 34, 883-1141

Green, A. (1973) - L'Discours Vivant. Paris. P. U. F.

Green A. (1975) - The ana yst symbolisation and absence in the analytic setting. Int. J. Psycno anal. 56, 1. 22

Green. A. (1977) - Conceptions of affect. Int. J. Psychoanal. 58, 129-154

Hartmann, H. (1964) - Essay on Ego Psусhology. London, Hogarth Press

Heimann, P. (1950) - On counter transference. l'nt. J. Psусhоanal. 31, 81-84

Jacobon, E. (1964) - Tne alfects and their pleasure unphasive qualities in relation to t .e psyenic disc.iarge processes in Drives Affects, Behaviour. R. M. Loewenstein edit. vol. 1, New York., 1. U. P.

Jones. E. (1929) - Fear guilt and rate. Int. J. Psуchoanal. 10, 383-397

Khan, M. M. R. - The privacy of the self. London, Hogarth Press

Klein, M. Envy and gratitude. London, Tavistock Publ.

Lacan. J. (1966) - Ecrits. Paris, Le Seuil

Laplanche. J. & Pontalis, J. B. (1967) - Vосabulaire de la Psychanalyse. Paris, P. U. F.

Lewtn, B. (1964) - Reflections on affects, in M. Schured. Drives, Affects, Behaviour, vol. 2, New York, I. U. P.

Limentani, A. (1977) - Afiects and the psychoanalytic situation. Int. J. Psуchoana 1. 58

Mallet, J (1969) - Formation et devenir des affects in La theorie psychanalytique - Paris, P. U. F.

Marty. P. Fain, M. De Muzan. M. David. С (1968) - Investigation psych osomatique. Paris, P. U. F.

Peto, A. (1967) - On affect contro:. Psy choanal. Study Child, 22

Rangell, L. (1967) - Psycnoanalysis affects and the "human love": on the relationship of psychoanalysis to the benavioural science. Psy choanal. Q. 36, 172-202.

Rapaport. D. (1953) - On tne psychoanalytic theory of affects. Int. J. Psych o-anai. 34, 117-198.

Rycroft. С (1968) - Imagination and Reality. London. Hogarth Press

Sandler. J. (1972) - The role of affects in psychoanalytic theory, in Pnysiology, Emotion, and Psychosomatic Illness, Amsterdam, London, New York, Elsevier Exc. Med.

Schafer. R. (1964) - Tne clinical analysis of affects. J. Am. Psychoanal. Ass. 12, 174-2:9

Schur. M. (1969) - Affects, and Cognition. Int. J. Psycho anal. 50. 647-653

Valenstein, A. F. (1962) - Affects, emotional reliving and insight in the psychoanalytic process. Int. J. Psychoanal. 43, 315-324

Winnicott, D.W. (1965) - The Maturational processes and the facilita-tin " environment. Loadon, Ho...arth Press

Winnicott. D. W. (1971) - Playing & Reality. London, Tavistock Publ.

Winnicott. D. W. (1974) - Fear of breakdown. Int. Rev. Psychoanal. 1. 103-107

Winnicott. D. W. (1975) - Through Pediatrics to Psychoanalysis. London, Hogarth Press.

предыдущая главасодержаниеследующая глава











© PSYCHOLOGYLIB.RU, 2001-2021
При копировании материалов проекта обязательно ставить активную ссылку на страницу источник:
http://psychologylib.ru/ 'Библиотека по психологии'

Рейтинг@Mail.ru

Поможем с курсовой, контрольной, дипломной
1500+ квалифицированных специалистов готовы вам помочь